La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), issue de la troisième vague des thérapies comportementales et cognitives (TCC), s’inscrit dans une perspective fondée sur des preuves (evidence-based). Son objectif est clair : aider les personnes à sortir des stratégies d’évitement et à renouer avec une vie en cohérence avec leurs valeurs. Ce cadre, rigoureux et structuré, présente cependant des affinités remarquables avec certains fondements de la spiritualité, dès lors que cette dernière est envisagée comme un questionnement profond sur le sens, la présence et l’engagement.
Une approche thérapeutique centrée sur la flexibilité psychologique
L’ACT repose sur un modèle fondé sur la flexibilité psychologique, définie comme la capacité à rester en contact avec l’expérience présente tout en agissant en cohérence avec ses valeurs. Ce processus s’appuie sur six compétences-clés : l’acceptation, la défusion cognitive, la pleine conscience, le soi comme contexte, la clarification des valeurs et l’action engagée. Chacune de ces dimensions peut faire écho à des démarches existentielles, philosophiques ou spirituelles — sans jamais les revendiquer comme fondement théorique.
Des processus thérapeutiques qui rencontrent des principes spirituels
1. L’acceptation : En ACT, il s’agit d’apprendre à faire de la place à ce qui est inconfortable, sans chercher à le supprimer. Cette posture clinique rejoint les traditions contemplatives qui valorisent l’accueil lucide de l’expérience vécue, sans complaisance ni rejet.
2. La défusion cognitive : Il ne s’agit pas de « penser positivement » mais de prendre de la distance par rapport à ses pensées. Cela renvoie à la capacité de discerner, de ne pas s’identifier à son flot mental — une compétence également valorisée dans les pratiques méditatives ou réflexives.
3. La pleine conscience : Présente dans l’ACT sous une forme laïque, centrée sur l’observation attentive, elle permet de développer la présence à soi et au monde, sans jugement. Elle constitue un socle commun avec de nombreuses traditions contemplatives.
4. Le soi comme contexte : Cette notion — parfois délicate à saisir — introduit la possibilité d’un espace intérieur stable et accueillant, à partir duquel les phénomènes mentaux peuvent être observés. Elle rejoint certaines intuitions existentielles sur la nature de la conscience.
5. La clarification des valeurs : Loin d’une vision normative, l’ACT invite chacun à identifier ce qui a réellement du sens pour lui, dans les domaines de la vie qui comptent. Cette exploration du sens de l’existence trouve des échos évidents dans les démarches spirituelles non dogmatiques.
6. L’action engagée : L’ACT est une thérapie pragmatique. Elle vise à favoriser des comportements alignés avec les valeurs personnelles, malgré les inconforts émotionnels. Il s’agit de construire une vie guidée, non par l’évitement, mais par l’engagement.
Une spiritualité implicite, jamais imposée
L’ACT ne se fonde sur aucune métaphysique. Elle ne propose ni croyance, ni vision du monde prédéfinie. En revanche, elle ouvre un espace de réflexion éthique et existentielle. C’est ce qui en fait une approche pertinente pour des patients en quête de sens, sans pour autant convoquer explicitement des cadres religieux ou spirituels.
Dans une pratique clinique, il n’est pas rare que les processus de l’ACT réactivent des ressources spirituelles déjà présentes chez les patients — qu’elles soient issues de leur parcours personnel, de leur tradition culturelle ou d’une forme de quête de cohérence intérieure. Le thérapeute ACT reste dans une posture d’accompagnement, sans prosélytisme ni projection.
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Conclusion : une thérapie ouverte au sens
Se poser la question du lien entre l’ACT et la spiritualité est pertinent. La thérapie ACT offre un cadre clinique robuste, validé par la recherche, pour accompagner les personnes vers une vie plus riche, plus souple et plus alignée. Sa proximité conceptuelle avec certains aspects de la spiritualité ne relève pas d’un discours mystique ou alternatif, mais d’un constat : là où la thérapie permet de retrouver du sens et de l’engagement, elle croise parfois des démarches de type spirituel — dans une logique d’ouverture, de clarification et de liberté.